Nettoyer les forêts, une mission jugée « impossible » au Portugal
Suite aux violents incendies meurtriers de l’année dernière au Portugal, le gouvernement a accordé jusqu’au 15 mars aux propriétaires pour qu’ils débroussaillent leurs terrains couverts d’arbres. Ce délai est très limité et les amendes sont pourtant très élevées. La panique gagne donc les propriétaires.
Une décision vivement critiquée
Le mardi 27 février dernier, le Jornal de Negócios a publié en grand titre désignant les faits comme étant « une mission impossible ». Effectivement, les forêts à nettoyer couvrent plus de deux tiers de tout le territoire Portugais. Les maires sont angoissés par les tâches importantes et coûteuses qui leur sont confiées. De plus, le délai accordé est très court.
Cependant, le 14 février dernier, le pouvoir exécutif a décidé de changer un décret-loi établi en 2006 à cause des immenses incendies de l’année dernière. Avec une aide financière venant des municipalités, les propriétaires doivent maintenant débroussailler et nettoyer leur terrain sur une zone de cinquante mètres autour de leurs habitations, chantiers, ou magasins. Les arbres les plus inflammables tels que les eucalyptus et les pins doivent être coupés en premier dans une zone de 5 mètres autour de l’habitation. S’ils ne s’exécutent pas, les propriétaires s’exposeront à payer des amendes encore plus chères qu’autrefois.
Ces dernières ont doublé et varient maintenant de 280 à 10 000 euros pour les personnes physiques et de 3 000 à 120 000 euros pour les personnes morales. Au cours des derniers jours, le Premier ministre António Costa a rencontré de nombreux maires contrariés par l’immensité des tâches qui leur sont imposées et auxquelles les pompiers refusent de donner leur aide.
Le délai et les amendes, objets de critiques
Les opinions de la presse sont également différentes. Alors que certains éditorialistes sont d’accord avec le gouvernement, d’autres pensent que les délais et les conditions de réalisation ainsi que la hauteur des amendes imposées sont une injustice. Manuel Carvalho, un journaliste de Público a parlé du drame de l’an passé en soulignant « l’incurie des propriétaires et la négligence des municipalités » dans un article récent.
Il a déclaré : « Dans la vie des nations, il y a des priorités et une des priorités du Portugal est de tout faire pour que l’été 2017 reste confiné à la mémoire d’un deuil qui ne doit plus jamais arriver ».
L’architecte paysagiste Henrique Pereira dos Santos lui répond sur le même journal : « Non, cher Manuel Carvalho, il ne s’agit pas de ‘tout faire’, mais de faire ce qui est juste, soutenable, sur la base d’un contrat social équilibré, et seulement ça, rien de plus. Et rien de ça n’est en train d’être accompli par l’État, bien au contraire ».
Le journaliste Pedro Tadeu a également voulu donner son avis sur le sujet dans le Diário de Notícias. Par contre, il a surtout évoqué les détails sur la modification du décret-loi de 2006. Il critique surtout la décision du gouvernement d’imposer que les Portugais soient obligés de couper les arbres dans un rayon de cinquante mètres partant de leur maison. Il indique que les propriétaires sont contraint de transformer de beaux espaces en une terre désolée. Selon lui, le choix des autorités va une fois de plus entraîner une catastrophe écologique.
Pour en savoir plus sur cette campagne de nettoyage, le gouvernement portugais a tenu de l’éclaircir sur son site officiel.